Béret rouge N°7 août 1959
Nouvelles du Commando Guillaume
L'été s'avance. Après la pluie, le froid, le vent,
le soleil est revenu. Longtemps les oueds ont craché
la boue des montagnes. La Méditerranée était jaune.
Ce serait grave si nous étions en vacances.
Puisque ce n'est pas le cas, il ne nous reste à regretter
que le froid des nuits.
L'autre jour, sur la grande crête, nous avons été surpris
par un bel orage. Le vent, la pluie, le
brouillard, le froid, tout l'appelait certaine
campagne du Lardjem en compagnie du 6° RPIMa. Sauf
que nous n'étions plus en février, mais en juin.
L'action psychologique bat son plein. Derrière
nos embuscades, B5 se glisse insidieusement. Et
pendant deux heures de nuit, ce ne sont que marches
militaires, appels au ralliement musique arabe,
etc... Les ralliés speakers improvisent.
Ils appellent leurs ex-frères restés au maquis. Les arguments
ne sont pas toujours très orthodoxes.
La Paix des braves ne sera peut-être pas celle des foyers.
A part cela, les affaires vont bien :
15 Rebelles 12 armes en mai
18 Rebelles 13 armes en juin
32 Rebelles 29 armes dans la première quinzaine
de juillet. Et cela par le commando agissant seul.
La gloire est descendue une fois de plus chez nous
le 5 juillet. On vous en parle par ailleurs.
Le Sergent-Chef Houde a pris du plomb
dans le moyen fessier. Que ses amis se rassemblent, il va
bien. Et le plomb est entré par devant.
Curieux auto-stop l'autre jour. Le Capitaine rentrant
d'Alger, voit sa jeep arrêtée par un individu à
mine peu engageante. Poliment interrogé,
cet homme déclara que la vie au maquis devenait pénible
et que tout compte fait, il préférait remettre
son arme et se rallier. Voilà comment on améliore le
bilan, même les jours de repos.
L'arrivée au cantonnement avec
le fellagha dans la jeep a eu un
certain succès.
Le 14 Juillet le Commando a défilé
à Alger. Cela a été pour nous une grande satisfaction.
La DP
étant absente, nous avons recueilli
les ovations pour tous les copains.
Notre modestie en a beaucoup
souffert.
Maintenant nous partons en France.
Tous ensemble, comme un seul homme.
Et contrairement à ce
que pensent certains esprits mal tournés,
ce n'est pas pour aller établir un camp de
montagne dans
les Pyrénées.
Le commando porte-plume