
L'histoire du sacrifié, Ismaël
sur lui le salut
Lorsque Abraham, l'ami intime de Dieu, émigra de son pays
natal, il invoqua son Seigneur afin qu'Il lui donne un enfant
vertueux, Dieu lui annoça alors la nouvelle de la
naissance d'un fils magnanime, en l'occurence Ismaël,
sur lui le salut. Celui-ci fut donc son premier enfant alors
qu'il était âgé de quatre-vingt-six ans. Les savants de toutes
les religions sont d'accord à ce sujet .
Dieu dit : " Puis quand celui-ci (Ismaël) fit en âge
de l'accompagner [...] " (37, 102) ; c'est-à-dire qu'il
devint un adolescent à même de subvenir à ses besoins
comme son père. Mujâhid a dit : " Puis quand celui-ci fut en
âge de l'accompagner [...] ", c'est-à-dire qu'il devint un
adolescent en état de faire ce que fait son père.
C'est alors qu'il fut ordonné à Abraham dans un rêve de
sacrifier son fils. Or, dans le hadith rapporté par
Ibn 'Abbâs, il est dit : " La vision des Prophètes participe
de la Révélation ". En lui ordonnant de sacrifier son enfant
qu'il a eu alors qu'il avancé en âge Dieu mit à l'épreuve
son ami intime Abraham. Il lui avait déjà été ordonné de
les établir lui et sa mère dans le désert de La Mecque
et il obéit, plein de confiance en Dieu. Et Dieu leur accorda
une consolation et une issue en leur donnant des moyens de
subsistance inespérés là ou ils étaient. Ensuite, après que le
Seigneur lui eut ordonné de sacrifier son seul et unique enfant,
il se soumit à la Volonté divine et s'apprêta à excécuter
l'ordre divin. Il mit au préalable au courant son fils et lui
demanda son avis afin d'apaiser son esprit et l'aider à
accepter le décret de Dieu. " Il dit : "Ô mon fils,
je me vois en songe, en train de t'immoler. Vois donc
ce que tu en penses." (37, 102)
Le fils magnanime s'empressa de dire à son père :
" Ô mon cher père, fais ce qui t'est commandé :
tu me trouveras, s'il te plaît à Dieu, du nombre
des endurants " (37, 102).
Cette réponse cristalise on ne peut mieux l'obéissance
et la soumission au père ainsi qu'au Seigneur des hommes.
Dieu dit : " Puis quand tous deux se furent soumis
(à l'ordre de Dieu) et qu'il l'eut jeté sur le front [...] "
(37, 103). Selon Ibn 'Abbâs, Mujâhis, Sa'îd Ibn Jubayr,
Qatâda et ad-Dahhâk, Abraham plaça le couteau sur
la nuque d'Ismaël afin de ne pas voir son visage
au moment de l'immoler. On rapporte aussi
qu'il l'étendit sur le côté, son front collé au sol. "
[...] Ils se furent soumis [...]", c'est-à-dire qu'Abraham prononça
le nom de Dieu et Le glorifia, tandis que l'enfant
fit le témoignage de la foi et s'abandonna à la mort.
As-Suddî et d'autres commentateurs ont dit dans
cet ordre d'idées : "Il a fait passer le couteau sur
sa gorge, mais le couteau ne coupait pas. "
Il fut alors interpellé par Dieu : "Abraham, tu as
confirmé la vision
[...] " (37, 104-105) ; " c'est-à-dire que le but de ton
épreuve a été atteint. Tu as obéi à ton Seigneur en Lui
faisant l'offrande de ton enfant, avant cela tu as offert ton
corps au feu, et tu dépenses sans compter pour tes hôtes.
C'est pour cela que Dieu dit : "C'était là, certes,
l'épreuve manifeste [...] " (37, 106) ; c'est-à-dire
l'épreuve apparente et évidente. Dieu dit à la suite de cela :
"Et Nous le rançonnâmes d'une immplation généreuse [...] ;
c'est-à-dire que Nous remplaçames ce sacrifice par un autre,
un mouton blanc pourvu de grands yeux et de cornes,
l'avis de la majorité des savants.
Ath-Thawrî a dit d'après Ibn 'Abbâs que ce mouton est
resté quarante automnes à paître dans les pâturages du
Paradis. Selon Abû Hâtim, Ibn 'Abbâs a dit qu'il s'agissait
du mouton que l'un des fils d'Adam (Abel)
avait fait l'offrande à Dieu.
Mujâhid a dit, quant à lui, que ce mouton a été immolé par
Abrahma à Minâ et 'Ubayd Ibn 'Umayr, qui l'a sacrifié au
maqâm (la station qui porte son nom) devant la Ka'ba.
Il reste que la plupart de ces avis s'appuient sur des
récits israélites et qu'on peut se limiter au récit coranique
et à la Tradition (sunna) pour connaître et comprendre cet épisode.
Il a été rapporté qu'Ibn 'Abbâs a dit que la tête desséchée
de ce bélier reste (jusqu'à l'avènement de l'Islam) suspendue
à la goutière de la Ka'ba. Ce qui constitue une preuve solide
que l'enfant sacrifié est bel et bein Ismaël et non Isaac
(comme le soutien la tradition judéo-chrétienne),
le premier ayant vécu à la Mecque et non le second.
Et Dieu est le plus Savant.
Au demeurant, c'est aussi le sens apparent qui se dégage
du Coran au sujet du sacrifié ; car il fit le récit du sacrifié
avant de dire seulement par la suite : " Nous lui fîmes
la bonne annonce d'Isaac comme prophète d'entre
les gens vertueux " (37, 112).
Ibn Jarîr a rapporté dans son Tafsîr, d'après Ibn 'Abbâs "
Le sacrifié c'est Ismaël, mais les Juifs prétendent que
c'est Isaac, or ils ont menti ". 'Abdullâh, fils de l'imam
Ahmad, a dit d'après son père : "Il s'agit d'Ismaël".
Ibn Abû Hâtim a dit pour sa part : "J'ai interrogé
mon père sur le sacrifié, et il m'a répondu que
la version la plus juste est qu'il s'agit d'Ismaël".
Ibn Abû Hâtil a dit en outre : "On a rapporté d'après '
Alî, Ibn 'Umar, Abû Hurayra, Abû at-Tufayl, Sa'îd Ibn
al-Musayyib, Sa'îd Ibn Jubayr, al-Hasan, Mujâhid,
Ash-Shi'bî, Muhammad Ibn Ka'b, Abû Ja'far Muhammad
Ibn 'Alî et Abû Sâlih qu'ils ont dit : "Le sacrifié est Ismaël,
sur lui le salut." Al-Baghawî a rapporté les mêmes propos
d'après ar-Rabî' Ibn Anas, al-Kalbî et Ibn al-'Alâ."
